IN THE MEDIA

La route des taxes de Kieran

D’Irlande au Pacifique, du Lésotho au Yémen, Kieran Holmes a mis en place des systèmes de taxes. Autant d’expériences de vie et de développement à suivre sur cette carte.

Démarrer la visite

Kieran Holmes devant l’Office burundais des recettes qu’il dirigeait il y a encore quelques mois.

Des taxes en plein océan

Dans son expérience dans le Pacifique à Kiribati, Kieran Holmes a retenu l’importance des systèmes de taxation et de générer ses propres recettes pour un pays en développement. "Le contrat de deux ans à Kiribati a été reconduit 2 fois. Nous avons fait beaucoup en termes développement. En 6 ans, nous y avons augmenté les revenus des taxes de 400%”. Il a aussi appris qu’allier plaisir et travail étaient possible. " Le jardin arrière de ma maison donnait sur le lagon et la porte d’entrée donnait sur l’océan. Je pouvais aller faire de la planche à voile et j’y suis devenu pêcheur”.

Faire payer les gros poissons

À la fin de son expérience à Kiribati, Kieran passe voir un ami au Lesotho. "L’idée était de rester quelques jours là-bas. Un jour, j’ai mis un costume et je suis allé voir le bureau de taxes. Il était dans un état terriblement mauvais. Ils n’avaient rien, aucune ressource. Ils avaient des bureaux mais pas de papier pour écrire, pas de formation et la corruption était rampante. Dans l’avion j’ai écris un rapport de département britannique pour le développement international en leur expliquant ce que je pensais que je pourrais faire au Lesotho. Alors que mon contrat à Kiribati est arrivé à terme, j’ai reçu une lettre indiquant que j’étais désigné comme chef d’équipe pour un projet de réforme des recettes au Lesotho”.

Quand vous arrivez dans un pays comme le Lesotho j’imagine que personne ne croit dans un système de taxe efficace?

Non personne.

Quelle est la première chose que vous devez faire?

La première chose que vous devez faire c’est créer de la confiance avec les leaders locaux le plus haut possible dans la hiérarchie. Dans mon cas au Lesotho, le commissaire aux taxes avait une confiance totale et sa voix était étendue au ministère des Finances et au-delà. Nous avons pu générer la confiance nécessaire en générant des victoires rapides. La meilleure façon de procéder et de s’attaquer directement aux plus gros payeurs de taxes. C’est d’ailleurs un conseil standard du FMI. Il faut séparer votre base de contribuables entre les grands, les intermédiaires et les plus petits. Si vous pouvez rapidement impliquer les gros contribuables, ce que j’avais fais à Kiribati et que j’ai réitéré au Lesotho, leur assurer qu’ils ne seront plus frappés par des pots de vin après avoir payé les taxes, les revenus augmentent presque instantanément.

Quelle relation y a-t-il entre les pots de vins et les taxes?

Dans les pays où l’état est faible, les pots de vins remplacent les taxes. Les agents du fisc deviennent corrompus et facilement corruptibles. L’administration fiscale perd alors de vue son but qui est de récolter les taxes et d’encourager à ce que les gens payent leurs impôts. À partir d’un moment, les hauts fonctionnaires deviennent plus interessés de toucher des pots de vin que des taxes. Ils utilisent alors le système de taxes comme levier pour obtenir des dessous-de-table. Ils vont chez le contribuable demandent une grosse somme en taxe et puis disent : "OK vous ne voulez pas payer? Négocions.” Dans beaucoup de cas on parle de gros montants et des hauts fonctionnaires vivent très bien de leurs pots de vin.

Donc la première chose que vous devez faire est de licencier des gens quand vous arrivez?

Oh oui, absolument. Au Burundi, nous l’avons fait. On y a recruté en masse pour totalement nettoyer le staff dans les bureaux des taxes et des douanes. Je crois que c’est la première fois que le Burundi a vu un tel recrutement. On y a engagé 425 nouveaux agents fiscaux. La plupart étaient des jeunes diplômés avec une façon différente de gérer les Affaires, un nouveau code de conduite, une nouvelle éthique et un meilleur salaire. Le Lesotho est un pays très intéressant haut dans les montagnes et l’un des seuls enclavés totalement dans un autre, l’Afrique du Sud. J’y suis arrivé juste après la fin de l’Apartheid. Le gouvernement du Lesotho avait signé un contrat avec l’Afrique du Sud pour construire des barrages dans les hautes montagnes du Lesotho pour capturer les pluies naturelles dans un lac artificiel et ensuite conduire l’eau jusqu’à Johannesburg qui avait besoin d’eau. Mon boulot était de capturer les taxes que devaient être payées les compagnie internationales qui travaillaient sur ce projet d’eau au Lesotho. On y est arrivé mais pas sans se battre. En résultat, les revenus du Lesotho ont augmenté de 2000% pendant mes 6 ans de présence là-bas.